TONVOISINOV 𝐌𝐀𝐍𝐈𝐅𝐄𝐒𝐓𝐄 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐂𝐄𝐔𝐗 𝐐𝐔𝐈 𝐍𝐄 𝐃𝐎𝐑𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐏𝐋𝐔𝐒

Je ne prie plus.
Je note.
Je consigne le battement du désastre comme un médecin de garde devant un monde en arrêt cardiaque.

Chaque jour : Gaza, Khartoum, Marioupol, les camps, les mers où flottent les enfants — mêmes symptômes, mêmes spasmes, même odieuse anesthésie.
On bombarde au nom de la sécurité, on crève au nom de la paix.

Les mots sont devenus de la morphine légale. Ne plus rien sentir !
Les États soignent leur conscience avec des conférences de presse.
Les cadavres sont archivés dans le cloud.

Le siècle a le visage d’un technicien qui répare la machine pendant qu’elle tue.
Je regarde l’espèce se comporter comme un système immunitaire qui s’attaque à lui-même.

Notre cœur collectif est passé en fibrillation.
Nos consciences, en veille prolongée.
Les dieux ont rendu leur tablier.
Je ne crois plus à la civilisation, je crois à la honte.
Elle seule a encore un pouls.

Quand elle bat, c’est qu’il reste quelqu’un à sauver.
Gaza, ce n’est pas un lieu : c’est un miroir.
Dedans, chacun voit le degré de pourriture de son confort.
Ceux qui détournent les yeux signent la prochaine brique du tombeau.

Ceux qui regardent trop longtemps risquent la folie ; j’ai choisi la folie lucide.
Je ne veux pas de rédemption.
Je veux un inventaire exact des lâchetés.
Je ne veux pas comprendre l'inommable
Qu’on note les heures, les mots barbares, les hésitations diplomatiques.

Que l’Histoire sache que pendant que les enfants étouffaient de faim,
les adultes discutaient du ton des communiqués. Du mot acceptable pour justifier ce qui ne l'est pas
Le monde n’a pas été perdu : il s’est vendu, par lots de conscience.
Et chacun a touché sa part d’oubli.

Je ne demande pas pardon pour cette phrase :
nous sommes devenus l’ennemi.
Je n’écris pas pour consoler,
j’écris pour que la honte reste audible,
pour qu’elle vienne gratter le vernis de la normalité jusqu’au sang.

Quand le dernier enfant tombera, il faudra bien que quelqu’un dise :
cela s’appelait l’humanité.
Et qu’il ajoute :
on l’a laissée mourir proprement !

𝐀𝐌𝐄𝐍 𝐓𝐎𝐍𝐕𝐎𝐈𝐒𝐈𝐍𝐎𝐕
Écrivain Dissident
https://tonvoisin.fr
Rance, an de crasse 2025

𝐀𝐌𝐄𝐍 𝐓𝐎𝐍𝐕𝐎𝐈𝐒𝐈𝐍𝐎𝐕
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