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Citoyens, Citoyennes, et autres formes de vie imposables,

Suite à de récents événements dont la véracité est négociable selon votre statut social, nous - vos représentants autoproclamés - estimons qu'il est grand temps de vous présenter nos excuses les plus insincères, formulées par nos stagiaires surqualifiés et sous-payés, entre deux lignes de courage artificiel et trois réunions où absolument rien n'a été décidé.

CONCERNANT NOS PROMESSES

Nous tenons à nous excuser formellement d'avoir promis un pays où il ferait bon vivre. Quelle idée saugrenue ! Franchement, à quoi pensiez-vous en nous croyant ? Si vous aviez lu les petites lignes de nos discours (écrites en encre invisible et en caractères microscopiques), vous auriez compris que "un pays où il fait bon vivre" signifiait en réalité "un pays où NOUS vivons bien". Nuance grammaticale subtile mais juridiquement inattaquable.

CONCERNANT L'ÉCONOMIE

Nous sommes profondément navrés que l'argent public se soit mystérieusement évaporé. Après enquête approfondie de trois minutes et demie, nous avons découvert que l'argent souffrait manifestement d'un trouble anxieux généralisé et préférait se réfugier dans des paradis fiscaux où le climat est plus clément que dans vos portefeuilles. Nous comprenons sa détresse et respectons son choix d'épanouissement personnel.

Par ailleurs, si votre pouvoir d'achat s'est transformé en pouvoir d'halluciner devant les prix, sachez que c'est entièrement votre faute. Vous persistez à vouloir manger tous les jours, vous chauffer en hiver et vous soigner quand vous êtes malades. Quel manque flagrant d'imagination et d'esprit d'adaptation !

CONCERNANT NOS MÉTHODES DE TRAVAIL

Nous réfutons catégoriquement les accusations selon lesquelles nos décisions seraient prises sous influence. La poudre blanche retrouvée dans les toilettes du Palais n'était que du sucre glace pour nos beignets matinaux, et ces pupilles dilatées sont le simple reflet de notre émerveillement face à l'ampleur des problèmes que nous créons puis prétendons résoudre.

Quant à nos horaires de travail, sachez que gouverner est extrêmement fatiguant. Chaque jour, nous devons choisir quelles libertés rogner pour votre bien. C'est épuisant de sauver la démocratie en la piétinant ! Qui plus est, nos poignets souffrent à force de signer des décrets absurdes et de tamponner des enveloppes destinées à nos amis industriels.

CONCERNANT LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES

Nous regrettons sincèrement que vous ayez mal interprété le concept de "liberté". Dans notre dictionnaire gouvernemental (édition spéciale, non disponible au public), la liberté se définit comme "la possibilité de faire exactement ce que le gouvernement estime bon pour vous".

Si nous avons dû installer des caméras dans vos salles de bain, c'était uniquement pour vérifier que vous ne gaspilliez pas l'eau. Si nous lisons vos messages privés, c'est pour améliorer l'algorithme de notre intelligence artificielle chargée de détecter l'humour anti-gouvernemental. Tout ceci est fait dans votre intérêt, espèce d'ingrats chroniques.

CONCERNANT L'ÉTAT DE DROIT (OU PLUTÔT L'ÉTAT DE TRAVERS)

Nous tenons à clarifier notre position concernant ce que vous appelez naïvement "État de droit". Franchement, quelle idée désuète ! Pourquoi s'embêter avec des principes complexes comme la séparation des pouvoirs ou l'égalité devant la loi quand on peut simplement instaurer un bon vieil "État de travers" ?

C'est tellement plus pratique : les lois s'appliquent quand ça nous arrange, se tordent quand c'est nécessaire, et disparaissent miraculeusement quand elles concernent nos amis. L'État de travers, c'est comme porter des chaussettes dépareillées : ça choque uniquement les puristes et les juristes constipés.

Quant à la Cour Pénale Internationale, permettez-nous un fou rire distingué. Ces gens en robe qui prétendent juger des crimes contre l'humanité ? On s'en tamponne le coquillard avec une vigueur que même nos médecins personnels trouvent inquiétante. D'ailleurs, si nous facilitons parfois les déplacements de personnalités faisant l'objet de mandats d'arrêt internationaux et soupçonnées d'actes génocidaires, c'est uniquement par souci diplomatique.

Il faut bien comprendre que recevoir un criminel de guerre présumé est infiniment plus important que respecter le droit international. C'est une question de priorités : d'un côté, la justice universelle ; de l'autre, un joli dîner au chandelles avec échange de contrats juteux. Le choix est vite fait, non ?

CONCERNANT NOTRE LÉGITIMITÉ

Suite à vos accusations d'illégitimité, nos experts juridiques (cousins, beaux-frères et partenaires de poker) ont mené une étude approfondie et sont arrivés à la conclusion suivante : "On s'en fout royalement." Selon le paragraphe 7 de l'article 12 de la Constitution (que nous avons modifiée pendant que vous regardiez la télé-réalité), notre légitimité est assurée dès lors que nous possédons les clés du bâtiment et savons où sont rangés les tampons officiels.

D'ailleurs, les élections durant lesquelles vous n'avez pas voté pour nous étaient clairement entachées d'un vice de forme : les électeurs ont exprimé leur volonté réelle et non celle que nous attendions. Une erreur de procédure flagrante.

EN CONCLUSION

Nous espérons que ces explications apaiseront momentanément votre colère, au moins jusqu'à notre prochaine décision catastrophique qui ne saurait tarder. Nous vous remercions de votre compréhension obligatoire et de votre soumission attendue.

Si toutefois ces justifications ne vous satisfaisaient pas, veuillez remplir le formulaire de réclamation B-712 (disponible uniquement les années bissextiles, entre 3h et 3h15 du matin, dans une administration dont l'adresse change quotidiennement) et patienter 732 jours ouvrables pour une réponse automatique vous invitant à recommencer la procédure.

Avec toute notre condescendance distinguée,

Le Gouvernement National
(Signature illisible mais tamponnée, donc authentique)

P.S. : Cette lettre a été imprimée sur du papier recyclé provenant de vos droits fondamentaux déchiquetés.

P.P.S. : Si un criminel de guerre présumé souhaite visiter notre beau pays, merci de nous communiquer son numéro de téléphone. Nous lui préparerons un accueil VIP et garantissons une immunité totale - après tout, qu'est-ce qu'un petit génocide entre amis d'affaires ?

 

 
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