Alors voilà, c'est officiel : notre paysage médiatique vient d'atteindre ce point exquis où Diogène lui-même aurait rangé son tonneau pour partir en quête d'un asile psychiatrique.
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Cette couverture d'Hanouna en président – quel chef-d'œuvre d'avant-garde ! Qu'elle est rafraîchissante, cette descente aux enfers collective chorégraphiée par des rédacteurs en chef qui confondent manifestement journalisme et blague de potache! Bravo, messieurs-dames, votre audace n'a d'égale que votre absence totale de discernement.
Comprenez bien la subtilité de l'opération : pendant que nous débattons avec passion de cette œuvre majeure du grotesque contemporain, pendant que nous nous égosillons sur les réseaux sociaux à coup de "vous avez vu cette horreur?", le véritable tour de passe-passe s'opère en coulisses. C'est l'équivalent médiatique d'un pickpocket qui vous fait admirer un spectacle de jonglerie pendant qu'il vous déleste de votre portefeuille, de votre montre, et accessoirement, de vos dernières illusions démocratiques.
Ah, qu'il est commode ce brouillard de l'absurde! Sous son épais manteau, on peut tranquillement accueillir des criminels de guerre, piétiner le droit international, normaliser l'inacceptable. Pendant ce temps, nous voilà occupés à disserter sur la possibilité qu'un animateur de télévision devienne président – débat intellectuel d'une profondeur abyssale, n'est-ce pas?
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Le génie du système, c'est d'avoir compris que l'indignation permanente est le meilleur somnifère jamais inventé. D'une controverse l'autre, nous sautons comme des cabris médiatiques, trop épuisés pour remarquer que l'état de droit s'évapore plus vite qu'une flaque d'eau sous le soleil de midi.
C'est le grand carnaval de la post-démocratie! Applaudissez, chers concitoyens! Demain, peut-être mettront-ils Baby Shark ministre de la Culture, ou un influenceur fitness à la Défense? Quelle importance, puisque l'essentiel est d'occuper nos esprits fatigués avec ces gentils divertissements pendant que le navire coule majestueusement.
N'est-il pas ironique que nous soyons encore capables de nous indigner pour si peu, alors que nous accueillons l'inacceptable avec des tapis rouges? Que notre société s'offusque d'une couverture de magazine quand elle reste silencieuse devant des violations flagrantes du droit?
Et pendant ce temps-là, le vrai pouvoir, lui, ne s'embarrasse pas de notre petit théâtre d'ombres. Il avance, méthodique, implacable, pendant que nous jouons aux critiques médiatiques outragés.
Dormez bien, citoyens. Demain sera un autre jour de sidération. Une autre couverture vous attend. Un autre scandale. Une autre diversion. La grande roue tourne, et nous avec.
𝐑𝐞́𝐬𝐢𝐬𝐭𝐞𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭-𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐫𝐞𝐟𝐮𝐬𝐞𝐫 𝐝'𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭.
Amen Tonvoisin
Écrivain Dissident
https://tonvoisin.fr