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La Grande Illusion Démocratique : Quand la Lutte contre la Désinformation Devient Censure
La Grande Illusion Démocratique : Quand la Lutte contre la Désinformation Devient Censure

Ah, mes amis, quelle magnifique ironie que notre époque ! Nous voici, témoins involontaires d'un spectacle à la fois tragique et comique : des démocraties autoproclamées qui, sous couvert de protéger la vérité, assassinent méticuleusement la pensée libre. Rions ensemble de ce paradoxe kafkaïen — tout en pleurant, bien entendu, car le rire sans larmes n'est que divertissement vulgaire.

La fabrication du vrai : une alchimie politique

Les grandes puissances occidentales — ces gardiens autoproclamés de la lumière démocratique — ont perfectionné l'art sublime de transformer le plomb de la réalité complexe en or pur d'une narration simpliste. N'est-ce pas merveilleux ? Un talent presque mystique, digne des plus grands prestidigitateurs de l'Histoire !

Le conflit russo-ukrainien nous offre un exemple parfait de cette sorcellerie narrative. Nous assistons à une épopée manichéenne où les nuances historiques, les contextes géopolitiques et les responsabilités partagées s'évaporent comme par magie. L'expansion de l'OTAN vers l'Est ? Un détail insignifiant ! Les accords de Minsk non respectés ? Une footnote ennuyeuse ! Les huit années de conflit dans le Donbass avant 2022 ? Un chapitre qu'il convient d'effacer !

Comme le souligne si brillamment Noam Chomsky (dont je cite le nom avec la gravité appropriée tout en sachant pertinemment que cela me donne un air terriblement prévisible d'intellectuel de gauche) : "La propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature." Une phrase que je brandis comme un étendard philosophique, tout en reconnaissant qu'elle figure probablement sur des mugs et des t-shirts dans les boutiques universitaires.

L'atrocité justifiant l'atrocité : le piège moral

Permettez-moi maintenant d'aborder le sujet infiniment délicat d'Israël et de Gaza — terrain miné où chaque mot est un pas potentiel vers l'abîme de l'accusation d'antisémitisme ou d'islamophobie. Quelle joie d'être écrivain en ces temps bénis !

Les événements horribles du 7 octobre 2023 ont été instantanément transformés en justification morale pour une campagne militaire d'une violence disproportionnée. Comme l'a écrit Gideon Levy dans Haaretz (que je cite pour montrer ma connaissance approfondie des sources israéliennes critiques) : "Une société qui perd sa capacité à voir l'autre comme humain perd aussi sa propre humanité."

Les mêmes démocraties qui s'indignent — à juste titre — des atrocités commises par le Hamas se retrouvent étrangement muettes face aux plus de 40 000 morts civils palestiniens. Quelle merveilleuse gymnastique morale ! Un véritable exploit d'équilibriste éthique qui mériterait une médaille olympique dans la catégorie "relativisme situationnel" !

La fabrique industrielle de l'ennemi

Notre époque a perfectionné la production industrielle d'ennemis publics. Vladimir Poutine, jadis partenaire commercial et énergétique acceptable, s'est vu métamorphosé en incarnation contemporaine du mal absolu. Une transformation digne des meilleures pièces de théâtre classique !

Norman Finkelstein, dans "L'Industrie de l'Holocauste", nous rappelle comment l'instrumentalisation de la souffrance sert à légitimer des politiques contestables. Je cite cet auteur controversé avec un frisson délicieux de transgression intellectuelle, tout en sachant que cette référence me place automatiquement dans une catégorie politique précise.

Mais n'est-ce pas fascinant ? Les mêmes structures médiatiques qui nous alertent contre la désinformation russe ou chinoise reproduisent des schémas narratifs tout aussi réducteurs. Comme l'écrivait Edward Said dans "L'Orientalisme" (référence obligatoire pour tout intellectuel qui se respecte) : "La représentation de l'autre est toujours un acte de pouvoir."

La censure bienveillante : un oxymore délicieux

Et nous voici au cœur du paradoxe : la censure au nom de la liberté ! Quelle construction poétique ! Quelle audace conceptuelle !

Les algorithmes des réseaux sociaux, les fact-checkers institutionnels, les lois contre la "désinformation" — tous ces mécanismes supposément conçus pour protéger notre espace informationnel finissent par créer un corridor étroit de pensée acceptable. Comme l'a si bien exprimé Michel Foucault (que je mentionne avec une révérence appropriée, tout en reconnaissant le cliché que cela représente) : "Le pouvoir n'est pas quelque chose qui s'acquiert, s'arrache ou se partage, quelque chose qu'on garde ou qu'on laisse échapper ; le pouvoir s'exerce à partir de points innombrables."

Cory Doctorow parle de "féodalisme informationnel" pour décrire comment quelques plateformes privées contrôlent désormais l'espace public de discussion. J'utilise cette expression avec un sentiment mêlé d'urgence apocalyptique et d'amusement face à ma propre grandiloquence.

Vers l'abîme : la disparition programmée de la pensée dissidente

Nous assistons, mes amis, à l'érosion méthodique de notre capacité à penser différemment. Les voix alternatives sont systématiquement marginalisées, ridiculisées, ou — pire encore — ignorées. La journaliste Sharmine Narwani qualifie ce phénomène de "narraticide" — l'élimination délibérée des récits contradictoires.

Glenn Greenwald, dans ses analyses sur Substack (que je cite pour montrer ma connaissance des sources alternatives contemporaines), documente minutieusement comment les médias mainstream américains ont systématiquement discrédité toute perspective nuancée sur la Russie ou la Chine.

Et pendant ce temps, nous, intellectuels et écrivains, continuons à produire des textes comme celui-ci — des cris d'alarme grandiloquents qui ne seront lus que par ceux déjà convaincus. Quelle magnifique futilité ! Quelle splendide impuissance !

Une lueur d'espoir dans les ténèbres ?

Existe-t-il un remède à cette maladie du discours public ? Peut-être dans la multiplication des sources d'information alternatives, dans la capacité critique des nouvelles générations, dans la résistance intellectuelle quotidienne.

Comme l'écrit Arundhati Roy (une référence qui me donne instantanément un air de progressiste mondial éclairé) : "Un autre monde n'est pas seulement possible, il est en chemin. Par une journée calme, je peux l'entendre respirer."

Mais ne nous leurrons pas : la situation empire. Les États renforcent leur arsenal législatif contre la "désinformation". Les plateformes numériques intensifient leur filtrage algorithmique. L'espace de la pensée dissidente se rétrécit comme peau de chagrin.

Conclusion : l'écrivain face au gouffre

Nous voici donc, écrivains et penseurs du XXIe siècle, confrontés à un choix existentiel : nous conformer au corridor narratif acceptable ou risquer la marginalisation, voire la censure.

Je termine ce texte avec la conscience aiguë de son inutilité probable, de sa prétention intellectuelle et de son incapacité à changer le cours des choses. Mais n'est-ce pas là la condition même de l'écrivain contemporain ? Écrire en sachant l'impuissance de ses mots, tout en continuant à les aligner comme des soldats de plomb dans une bataille perdue d'avance.

Dans cette grande comédie tragique qu'est notre époque, continuons à jouer notre rôle avec dignité — celui de Cassandre moderne, prophétisant des catastrophes que personne ne veut entendre.

Et si vous m'excusez maintenant, je vais partager ce texte sur les réseaux sociaux en espérant qu'il survive aux algorithmes de censure, tout en savourant l'ironie ultime de cette situation.

Rideau. Applaudissements discrets. Le monde continue sa course vers l'abîme.

 

Amen Tonvoisin 

Écrivain dissident

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