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La Divine Comédie des Écrivains Posthumes : Une Symphonie de l'Absurde

La Divine Comédie des Écrivains Posthumes : Une Symphonie de l'Absurde

Ah ! Quelle magistrale plaisanterie cosmique que cette gloire posthume ! Voilà que nous attendons patiemment que les créateurs de mondes s'effondrent dans la fosse commune de l'oubli pour les ressusciter aussitôt en demi-dieux de papier. Quelle magnifique ironie ! L'encre à peine sèche sur leur certificat de décès, nous les élevons au panthéon littéraire, alors que leurs oreilles désormais vides ne peuvent plus s'enivrer de nos louanges tardives.
Le génie littéraire est ce fantôme que nous n'apercevons qu'une fois le corps refroidi.

La vérité — cette courtisane capricieuse — danse sa valse prévisible en trois temps : d'abord moquée avec la férocité d'une meute affamée (« Quelle hérésie ! », hurlent les gardiens de l'orthodoxie), puis combattue avec une violence digne des plus grandes épopées (les bûchers intellectuels crépitent, les réputations se consument), avant d'être finalement adorée comme l'évidence même qu'on aurait toujours dû voir. Sommes-nous si prévisibles dans notre résistance au nouveau ? Oui, magnificentement, glorieusement prévisibles !

Quant à l'Aston Martin — ce char étincelant des dieux capitalistes — quelle parfaite métaphore de notre sublime vanité ! Contemplez l'absurdité grandiose de cette carrosserie rutilante garée devant un caveau ! Le vrombissement orgasmique du moteur contre le silence éternel de la tombe ! Quelle juxtaposition exquise !

Entre le cuir italien et le bois du cercueil, la peau décomposée ne fait plus la différence.
La mort — cette grande niveleuse aux yeux vides — observe notre parade d'objets luxueux avec un sourire froid et patient. Elle sait que le moteur V12 le plus puissant ne peut distancer sa marche inexorable. Les accélérations fulgurantes ne sont que des retardements insignifiants face à l'éternité.


Les vers qui festoieront sur nos chairs indifférentes ne distingueront pas le propriétaire d'une Aston Martin du conducteur d'une Twingo. La poussière dorée reste poussière. Et pourtant, nous persistons dans cette course absurde vers des trésors que nous ne pourrons emporter — comme si nous pouvions négocier avec le néant en lui montrant notre collection de montres suisses !

La tombe est le seul garage où aucune clé ne démarre le retour.

N'est-ce pas là la plus sublime des comédies ? Nous qui écrivons ces vérités, sachant pertinemment que nous finirons aussi par manger les pissenlits par la racine, tandis que d'autres liront peut-être nos mots en hochant la tête, bien après que notre conscience se soit évanouie dans le grand mystère silencieux.

Amen Tonvoisin
Écrivain Dissident
Rance an de Crasse 2025

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