La meilleure des mauvaises nouvelles
Imaginez un pays où les politiciens sont des saints : honnêtes, cultivés, attentifs à chaque citoyen comme un moine jardinier caresse ses roses. Un véritable enfer sur terre. L'horreur.
Qui aurait encore le plaisir de râler au café du coin ? Qui aurait l'exaltation délicieuse de se demander, chaque matin, si les décisions du gouvernement ont été prises sous l'emprise de coke ou d’une réunion secrète dans une pizzeria maçonnique ?
Heureusement, ce cauchemar n’est pas le nôtre. Nous avons mieux. Bien mieux, nous avons les meilleurs politiciens cyniques, ignares et corrompus au monde. Un casting cinq étoiles digne d'une comédie noire hollywoodienne : des types qui ne connaissent pas la différence entre une loi et une sauce béarnaise, des femmes persuadées que l'empathie est une maladie tropicale, et des conseillers qui confondent "budget national" avec "cagnotte personnelle." Ils ne sont pas pourri, non pourri ce serait encore mangeable, ils sont putréfiés, et ça c'est chouette ! C'est là, mes amis, une véritable bénédiction.
Parce qu'avec eux, au moins personne ne se repose. On reste éveillés, sur nos gardes. On apprend à lire entre les lignes des discours et à décrypter les mensonges plus vite qu’un hacker expert en cryptographie. Nous devenons des détectives du quotidien, des dissidents de salon, des philosophes de comptoir capables de disserter pendant des heures sur la vacuité abyssale de l’élite dirigeante.
Grâce à eux, la littérature explose, les chansons engagées fleurissent, les mouvements sociaux s’enflamment avec la ferveur d’une manif sous gaz lacrymogène. Les gens se rencontrent, se battent, créent du lien. Rien de tel qu'un bon scandale de corruption pour faire parler deux inconnus dans le métro.
Et puis, soyons honnêtes : à quoi servirait une démocratie parfaite ? Hein ? Plus de marches sur les pavés, plus de hashtags rageurs sur les réseaux, plus de poings levés sous les fenêtres du ministère. Un ennui mortel. Alors qu'une bonne petite démocratie autoritaire c'est si distrayant.
Non, vraiment, ces politiciens-là sont la dernière ligne de défense contre la léthargie totale. Ils nous forcent à imaginer mieux, rêver plus fort, résister toujours.
Alors, buvons à leur santé. Ou à leur chute (parce que là on fatigue un peu quand même). Parce que quoi qu'il arrive, ils auront rendu nos vies un peu moins monotones et nos âmes un peu plus vivantes.
Et ça, mes amis, c'est une putain de bonne nouvelle.
AMEN Tonvoisin de la Garlee
Écrivain Dissident
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